Théâtre Senza
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ELODIE

1/4/2018

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Jour 7 : 
On assiste à l'assemblée générale de l'association des sans papiers. Ils s'occupent de défendre leurs droits et de les aider à régulariser leur situation et ils font les démarches avec la préfecture, ils ont rdv vendredi pour défendre leur cas. Il y a très peu de femmes dans la salle, environ 4 femmes pour 70 hommes. Yen a un qui à déposé il y a 3 ans et qui n'a toujours pas de nouvelles. Il va falloir tout refaire car un dossier qui dépasse 1an n'est plus valable mais on ne lui avait jamais dit. 
Quand on présente le projet une femme qui gère l'association nous répond « bien sûr la peur est la pour les sans papiers, la peur est la tout le temps » elle nous dit que la peur touche aussi la question de la santé, car si ils ont un accident de travail ils ne peuvent rien faire, pas de contrat pas de sécurité sociale...). Même si al situation est difficile l'entraide est énorme. 
Elle leur dit « faut pas avoir peur, on est chez nous, on travail la, on va rester la » et elle les motivent à venir aux rdv et aux manifestations. Mais une femme lui réponds que si elle ne peut pas venir c'est parce qu'elle travaille, « yen a marre de mentir, on vit dans le mensonges, on vit dans la peur, travailler avec les papiers de quelqu'un d'autre c'est un mensonge on a peur tout les jours qu'ils le découvrent. Alors se libérer pour venir c'est pas de la mauvaise volonté, on peut pas, j'ai déjà menti à mes patrons en disant que mes enfants étaient malade plusieurs fois »
Une autre femme lui répond qu'il faut pas penser aux patrons, elle s'est fait virer juste parce qu'elle n'est pas venue une fois. « Les patrons s'est tous les même, ils ont la possibilité de nous virer à tout moment. J'invente d'énormes mensonges, une fois ma cousine est morte, une fois mon cousin...il faut qu'on soit nombreux vendredi c'est ça l'objectif ». 
« Ca sufit de nous considérer comme des esclaves »
Ensuite à la fin de la réunion plusieurs personnes viennent vers nous pour nous raconter leurs histoires personnelles. Je discute avec un Egyptien qui est la depuis 13 ans et n'a toujours pas de papiers,  «  si tu as pas de papiers tu peux pas avoir de fiches de paies et si tu as pas de fiches de paies tu peux pas avoir de papiers ». On l'a arrêtté une fois mais on l'a laissé partir. Il aimerait bien retourner en Egypte voir sa famille il est triste de ne pas les voir mais si il y retourne il ne pourra pas revenir en France et puis le voyage est trop cher. Sur les HLM et dans les chantiers personne n'est déclaré, car ça coûterait trop cher aux patrons ! 
Jour 8 : 
Rdv avec la présidente et les délégués de l'association des sans-papiers : 
On commence par se présenter puis parler un peu des sans-papiers, « le fait d'être sans-papiers c'est pas être sans rien c'est juste qu'il manque un papier, ils ont aussi une vie », « faut exister en dehors de cette angoisse, faut leur donner un lieu ou ils peuvent parler ». C'est pour cela qu'ils font des ateliers théâtre avec eux aussi, on parle d'un partenariat avec eux et de travailler avec eux quand nous reviendrons et de pas seulement faire des entretiens car comme le dit un des délégués « qu'est ce que ça leur rapporte à eux ? Il faut du courage pour parler de soi ». Il nous dit qu'il veut qu'on fasse une pièce qui passe un message pour eux. 
« Les sans-papiers font partie de la société mais ils sont invisibles »
Il nous parlent des manifestations qu'ils font, c'est le seul endroit ou ils sont en sécurité et ou ils peuvent revendiquer leurs droits car la police encadre le cortège et les protège.
Un de leur slogan est : « Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger »
Une des plus grosses peur chez eux c'est d'être reconduit au pays.
« Le sans-papier essaie tout le temps d'être invisible, d'être le plus possible comme l'autre pour pas se faire attraper, il évite le contact avec la police, il évite tout ce qui est interdit ».
« Il a peur partout, la ou il va il a peur »
Jour 9 : 
On passe la matinée en salle de répète, Val nous fait faire l'exercice « the hot seat », ya plein de papiers dans une casserole et on doit y aller à la chaise un par un le plus vite possible et tirer un papier, on doit dire tout ce qu'on sait et le plus vite possible par rapport à ce thème (des gens qu'on a rencontré à SD ou des lieux), ensuite par équipe on doit se les faire deviner en mime puis avec un seul mot.
C'est super intéressant de voir ce qu'on choisit de dire et ce qui nous vient à l'esprit quand on a que peu de temps.
Après on travaille des scènes plus précises, celle de l'enfant de S. braqué par le légionnaire, on cherche le mouvement de cet instant. On essaie des choses sur le thème « devenir invisible » avec le texte de Lili sur les sans-papiers.
Puis, chacun pour soi on doit trouver une séquence de mouvements par rapport à un lieu à SD, ensuite on se met à 2 et on l'apprends à l'autre et vice versa, et on les faits ensemble.
Rdv au 6b avec P. : 
C'est des anciens batiments d'Alstom, qui ont été transformé en squatte et le lieu s’institutionnalise de plus en plus. P. nous dit que « ce n'est pas un lieu très agréable au premier abord donc ça fait peur ». Mais c'est un lieu très vivant avec beaucoup d'artistes en résidence permanente. 
Le batiment est toujours ouvert donc ils mettent des cadenas partout car ya des squatteurs et ils se sont déjà fait voler du matériel.
Pour P. le pb à SD c'est pas sa population mais c'est que c'est une ville pas adapté pour le nombre d'habitant qu'il y a, « vous voulez voir ce que c'est que la peur, prenez le RER à 8h ou 17h30 ! C'est anxiogène » 
Selon elle « il y a 50 pourcents des gens ici qui ont la faim au ventre, alors comment peuvent-ils penser à autre chose ? » C'est pour ça que peu vont au théâtre. 
Pour elle SD n'est pas dangereux « c'est comme toute les villes faut être méfiant », « je peux me balader ou je veux à SD, si je me fais attaquer yaura toujours des mecs pour me défendre alors qu'a St Lazare non »
Rdv avec D.: 
D. nous raconte son parcours pour arrivée en France, il est à SD depuis 5 mois et travaille ici comme couturier.
Avant il était en Tunisie mais il était pas assez payé et on lui a pris sa carte de séjour, un ami lui a proposer d'aller en Italie alors il a finit par accepter et n'a rien dit à personne pour son départ.
Il ne se doutait pas qu'il allait avoir aussi peur, mais ceux qui organisaient le voyage leur annonçaient les choses au fur et à mesure.
« On savait pas ça, on a eu peur quand on a appris ça, je me suis dit faut pas y aller » et puis à chaque fois ils continuaient le voyage. Il s'arrêtte en Lybie, car n'avait pas assez d'argent pour continuer, travaille pour se faire de l'argent mais il avait peur tout le temps « ils peuvent tirer pour rien en Lybie, ils ont tous des armes ». Ils partent dans la nuit en bateau mais le bateau prend l'eau et ils sont ramenés en Lybie ou il reste en prison 22 jours. Il n'avait pas le choix que de rester en Lybie, il n'avait pas de solution pour sortir alors il y a travaillé pendant un an. « Y avait des attentats tout le temps et des rebels dans le désert ou aux frontières ». 
Jour 10 : 
Le matin on se retrouve pour parler du projet et du futur, on se met d'accord sur une forme et sur la façon dont on veux retransmettre ces recherches, on créera cela en Tunisie en Janvier. 
Séance de répet : 
On écris chacun en écriture automatique pendant 1 minute sur chaque personne/thème qu'on a rencontrer pendant cette résidence. Puis 2min sur « Dragons c'est » et « la peur c'est ». 
J'aime bien l'écriture automatique tu réfléchis pas donc ce qui sort c'est vraiment ce qui t'as marqué.
Ensuite chacun de son côté prépare quelque chose à montrer aux autres, ce qu'il veut, une forme courte sur tout ce qu'on a traversé. 
J'ai voulu faire un mix de plusieurs personnes avec des phrases qui m'ont marqué, en changeant de personnage à chaque fois : 
D : Moi j'avais peur, j'étais pas sûr qu'on allait arriver, je me suis dit c'est finit.
T. (enfant) : Un jour ya un type qui m'a dit « eh petit viens là » (…) bah j'ai couru.
Slogan des Sans-papiers : Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger !
L. : Celui qui a traversé la mer pour venir tu penses vraiment qu'il a peur du petit dealer avec son couteau de cuisine ?
Voix dans la rue : Eh pédal, eh Vincent Mac Doum, tu passes plus ici.
K : J'ai peur d'avoir besoin de si peu, je te jure !
L. : Mais c'est quoi être radical ?!
G : (rire) La peur elle est partout, faut pouvoir vivre avec sinon on s'enterre chez soi
Officier de police : Ah il cours pas assez vite celui-là !
C. : Ya des humains ils font peur, tu le vois dans leurs yeux, c'est le vide.
J. : Bien sûr la peur est la pour tout les sans-papiers, elle est la tout le temps !
Rdv avec les médiateurs de nuits de SD : 
En arrivant devant leur porte une bande de jeune traîne la, tous autour de leur entrée, on leur dit qu'on vient voir les médiateurs de nuits et l'un d'eux nous ouvre en disant « eh les médiateurs ya de la visite ». 
Ils sont tous assis autour d'une grande table, ça doit être pour faire un petit brief avant de commencer, le responsable commence par nous demander « bon vous vous avez peur ici ? » on lui dit que non pas du tout, et il répond « bah voilà ya pas de peur à SD, moi j'ai pas l'impression que les gens ils ont peur »
(je me suis retenue de lui dire ça mais bon soyons honnête si yavait vraiment aucune peur à SD leur métier existerait pas!)
Selon eux c'est les gens qui viennent de l'extérieur qui ont peur, « c'est à cause des médias, des ont dit »
Ils sont pour la majorité de SD, ils travaillent de 18h à 01h et  la ville à créer ce travail en 2011.
Ils sont la pour gérer l'espace public et son occupation, c'est surtout des incivilités auxquelles ils ont affaire. Ils ne sont pas armés, « dès fois on se demande ce qui va nous arriver mais on a pas peur », « la peur on l'a toujours mais on vit pas avec » ajoute le responsable.
Ils sont le lien avant que la police arrive, si ça déborde ils vont les appeler sinon non.
Petit débat marrant entre eux car le responsable à un moment nous dit « la peur elle est à SD comme à Neuilly » et les autres sont pas vraiment daccord il y en a un qui dit « bah quand même t'as plus de chance qu'il t'arrive une galère à SD qu'à Neuilly ! »
Ils ouvrent des services de médiations comme ça un peu partout en France, enfin partout...il nous cite les lieux ou ils en ouvrent : Bobigny, Aubervilliers, Pantin,... Pas à Neuilly par exemple.
Comme quoi la réputation des banlieues fait peur aux gens et à la mairie. 
Quand on leur demande pourquoi ce métier ?
Ils nous disent qu'ils ont besoin de gens de SD et aussi parce qu'ils aiment le contact, une jeune femme me prend à part « Eh enfin c'est surtout pour la paie, note ça, on est super bien payé ».

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    Dragons project residencies in Glasgow, Tunis and St Denis


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